L’autre jour, je suis tombée sur un article de Gabrielle du blog l’Allée du Monde. Vous connaissez son blog ? Elle parle de voyages et d’expatriation, elle est aussi expatriée en Angleterre (après avoir vécu dans d’autres pays dans le passé). Bref, je vous recommande son blog si vous êtes expat ou si c’est un sujet qui vous intéresse.
L’autre jour, je lisais donc son article intitulé: 5 conseils que j’aurais voulu avoir avant de partir vivre a l’étranger: un article collaboratif où des personnes qui ont vécu à l’étranger partagent leurs expériences et racontent ce qu’ils auraient aimé savoir avant de partir.
Ca y est, tu as lu son article ? Au fur et à mesure de ma lecture, j’approuvais mentalement les différents points abordés dans son post, jusqu’à ce que j’arrive au témoignage de Sarah qui tient le blog “une Parisienne s’émerveille” et “Hey Flamingo“. Elle disait, et je la cite: “Quand je suis arrivée à Montréal, on m’avait prévenue que la vie à l’étranger avait plusieurs étapes déterminantes : le passage de la 1ère année, des trois ans puis des 7 ans.”. Et c’est à ce moment-là que je suis passé du “hum…hum” discret dans ma tête au “mais oui grave !”.
Cette réflexion, je me la fait depuis un moment: cette année, ça fait justement 7 ans que je vis en Angleterre. Et 8 ans de vie à l’étranger au total si l’on ajoute mon année en Roumanie avant ça. Ca commence à faire mine de rien ! La réflexion de Sarah m’a donné envie de développé un peu ces différents paliers. Bien sûr c’est subjectif et un autre expat aurait sûrement un ressenti différent.
Le premier cap: 1 an
Après quelques mois de vie à Londres (enfin, photo prise à Richmond Park)
En repensant à “mon parcours d’expat”, je me suis rendue compte que je suis aussi passée par ces trois étapes: 1, 3 et 7 ans. Et le cap des 7 ans, c’est le plus difficile jusqu’à présent. Il y en a sûrement d’autres plus tard, on verra bien.
Je me souviens encore très bien de ma première année à Londres, après mon stage: j’avais trouvé un job alimentaire en 2 jours, puis il m’avait fallu 6 semaines pour décrocher un job junior dans une grosse internationale de digital media. J’habitais dans un squat dans le sud de Londres parce qu’on voulait économiser pour partir en Australie avec l’English Boyfriend. Et le truc à Londres ce que quand tu as un salaire de junior et un prêt étudiant à rembourser en France, ben tu ne peux pas payer “un vrai loyer” et économiser à côté donc on a dû faire un sacrifice. Je me souviens avoir pas mal râler contre certains colocataires à l’époque (le manque d’hygiène de certains était choquant !) mais globalement, on a quand même fait de belles rencontres via ce système de guardian.
Au final, cette première année à Londres a été très instructive et intense à tous les niveaux: professionnel & personnel. Réussir à passer un entretien d’embauche en anglais, apprendre un tas de trucs nouveaux pour le boulot, rencontrer des gens de tous horizons. La première année, période de lune de miel, tout est super, on aime tout ou presque. A cette époque, on m’aurait demandé si je pensais rester à Londres de façon permanente, j’aurais dit oui, carrément. Sans hésitation !
Le deuxième cap 3 ans
Quelques années plus tard, balade quelque part dans l’Est londonien.
Après 3 ans à Londres, c’était à peu près la même situation sauf que j’avais changé d’entreprise. Je bossais alors pour une agence de digital marketing et j’étais en charge des clients mode (ce qui faisait rire n’importe qui me connaissant vu mon manque d’intérêt pour le sujet !). Globalement, j’étais bien: job intéressant, des amis sur place, des voyages réguliers (un des avantages de Londres, c’est qu’on est très bien connecté au reste du monde), des sorties en tous genre…Bref, une certaine routine s’était installée. Attention, dans le bon sens du terme: avoir des points de repère quand on vit à l’étranger c’est important.
Au bout de 3 ans, je commençais quand même à en avoir marre de passer du temps dans les transports en commun, du stress à gérer (entre le stress du boulot, le coût de la vie…) mais j’arrivais à gérer. Après tout, tout le monde le fait et si tout le monde le fait, je devrais tenir le coup, non ?
Au bout de 3 ans, on a déménagé dans le Hertfordshire histoire d’avoir plus de place, un peu d’air frais tout en étant proche de Londres (25 minutes en train). Et là, comment vous dire: vivre à Londres et vivre dans le Hertfordshire, c’est pas tout à fait la même chose. Pour le coup, c’était le début de la vie en Angleterre. Honnêtement, Londres comme toutes les très grandes villes, ça n’a rien à voir avec le reste du pays.
Mais encore, au bout des 3 ans, vous m’auriez demandé si je comptais rester “pour toujours”, j’aurais sûrement dit oui.
Le troisième cap: 7 ans
7 ans plus tard, Londres c’est finit, maintenant c’est Ipswich.
Après 7 ans, on est toujours enthousiaste mais on se pose aussi peut-être plus de questions.
A l’heure actuelle, j’habite à Ipswich dans le comté de Suffolk. C’est une région sympa, Ipswich est à seulement une heure de train de Londres, on a la mer pas loin, j’ai un job qui me plaît dans une agence sympa. Alors quoi ? Quel problème se pose maintenant par rapport aux années précédentes? Si je devais résumer ça, je dirais que c’est une sorte de prise de conscience en mode “la vache mais j’avais jamais prévu de partir aussi longtemps qu’est-ce que je suis en train de faire ? C’était quoi le plan à la base déjà ?!”
Début 2017, c’était le cap des 7 ans pour moi. En mai, j’ai eu 30 ans (ou 29+1 comme j’ai pu voir passer sur Facebook !). L’an dernier, le Royaume Uni a décidé de quitter l’Union Européenne: le Brexit.
C’est sûrement un mélange de ces 3 raisons qui font que je me pose de plus en plus de questions quant à l’avenir ici à moyen et long terme en Angleterre. Au bout de 7 ans, je me pose des questions que je ne me posais pas avant:
- Qu’est-ce que ça aurait donné si j’étais rentrée en France ?
- Qu’est-ce que ça donnerait si je rentrais maintenant ?
- Est-ce que je trouverais du travail ?
- Est-ce que je me réadapterais facilement ? Et si je rentrais, est-ce que je ne repartirais pas rapidement ? J’ai lu quelque part que près de la moitié des français qui ont vécu un certain temps à l’étranger et tentent de rentrer en France repartent au bout de quelques mois. Mais j’ai toujours ce petit doute: qu’est-ce que ça donnerait en France ?
- Est-ce que je peux vraiment me satisfaire de voir ma famille 3-4 fois par an pour toujours ?
En fait, au bout de 7 ans, j’ai le cul entre deux chaises (pardon pour cette expression un peu limite mais elle représente bien la situation je trouve): des doutes quand à la situation actuelle en Angleterre, des questions sur la possibilité de revenir en France tout en sachant que j’en ai sûrement une image idéalisée (après tout je ne rentre que pour les vacances donc c’est forcément toujours un bon moment). Bref, le cap des 7 ans, c’est le cap de la prise de tête dans mon cas !
Et vous, si vous avez vécu/vivez à l’étranger, avez-vous eu aussi l’impression de passer des caps ? Lesquels ? S’il y a parmi vous des lecteurs qui vivent à l’étranger depuis plus de 7 ans, dites-nous: quels sont les prochains paliers ? 🙂
Last Updated on May 12, 2020 by Lucie
Quel article Lucie ! J’adore cette reflexion sur les 7 années écoulées, c’est toujours un chiffre spécial, le 7 ! Le passage aux 30 ans + le Brexit la même année, pour une expat au Royaume-Uni, forcément ça fait beaucoup d’émotions. Ce Brexit nous torture en douceur n’est-ce pas, on ne sait toujours rien de ce qui nous attend, et puis forcément, on ne s’attendait pas à un tel message de la part du pays où l’on a choisi de poser nos valises. Si tu quittais l’Angleterre, penses-tu que cela serait seulement pour rentrer en France, ou bien te verrais-tu vivre dans un autre pays ? En tout cas je suis vraiment heureuse que l’article collaboratif sur l’Allée du monde contribue à ta réflexion sur le sujet (je sais que c’est également un sujet important pour toi), et c’est vrai que le témoignage de Sarah d’Hey Flamingo a fait tilt également de mon côté… Elle a mis le doigt sur quelque chose ! A très vite, Gabrielle
Disons que c’est un brin angoissant de ne pas savoir à quelle sauce on va être mangé 🙂
A vrai dire, je ne sais pas: quand je pense à rentrer en France, je pense surtout à rentrer à Nantes et je me dis que la dernière fois que j’y ai vécu j’étais encore étudiante donc le contexte serait bien différent. Après dans mon domaine pour trouver un emploi, il faudrait aller vivre à Paris et ça, c’est hors de question 🙂
Et toi, ça ne te travaille pas un peu par moment ?
Ca me parle, bien sûr ! Les paliers sont un peu moins marqués en changeant de pays comme j’ai pu le faire mais c’est au bout des sept ans que je suis rentrée passer (compte sur mes doigts) neuf mois en France. Et je ne sais pas si je le recommanderais… dans l’état actuel des choses, dans le climat social, politique, professionnel, il n’y a pas grand-chose pour nous. On est à part et on le sera toujours un peu. Je suis contente de l’avoir fait pour justement faire taire ces questions à base de et si mais non, vivre en France ce n’est pas/plus pour moi 🙂 et puis dans ton cas s’ajoute aussi l’équation de ton copain, venir avec un anglais non francophone dans ses valises, ça ajoute un peu de difficultés !
C’est très intéressant d’avoir ton feedback sur le sujet car je connais peu de gens qui sont rentrés et au final le peu que je connais sont rentrés il y a peu de temps donc à mon avis ils sont encore en train de gérer toute la paperasse donc ils n’ont pas encore eu le temps de se poser.
Parfois je me dis qu’effectivement, il faudrait peut-être le faire histoire de faire taire une bonne fois pour toute cette petite voix dans ma tête mais à cause du Brexit, j’ai pas mal à perdre si je le fais (si je quitte le pays plus de 90 jours, je perds mon droit à la résidence permanente).
Qu’est-ce qui t’avais dérangé en rentrant à Paris ?
Ne te pose pas autant de questions. Moi aussi je suis au bord des 29+1 et moi aussi j’ai été un tantinet vexée par le Brexit (oui c’est mon ressenti) mais le plus important c’est ton bonheur. Oui ça parait bateau. Pourquoi voudrais-tu te tester en France si tu es heureuse là où tu es ? Tu as fait un beau parcours tu peux en être fière. Ton challenge tu l’as déjà fait. 7 ans que tu vis en Angleterre ce n’est pas rien ! Alors vis à fond ton expérience et puis tu verras ce que l’avenir te réservera. Carpe diem !
Tu es en Angleterre depuis combien de temps déjà ? Je crois que tu as raison, je me prends bien trop la tête: il est où le bouton “off”? 🙂
Coucou
Je suis moi-même expat depuis désormais 6 ans, mais serial expat… En 6 ans, j’ai ainsi habité dans 4 pays différents autres que la France… Et du coup, je ne me retrouve pas vraiment dans cette histoire de caps. Je pense qu’ils ne s’appliquent qu’à ceux qui restent au même endroit, et non ceux qui changent régulièrement de pays comme je le fais. Dans mon cas, et uniquement basée sur mon expérience d’expatriations de 2 ans à chaque fois, je dirais que jusqu’à maintenant, j’ai deux caps : celui de la première année, à la fin de laquelle, ça y est, j’ai mes petits repères, je me sens à l’aise avec la langue tout en ayant encore beaucoup à apprendre, etc. J’ai posé mes pions… Et celui de la deuxième année où j’ai la sensation que le pays n’a plus de secrets pour moi, je n,arrive plus à être émerveillée, à sentir cette euphorie du début. Je m’y sens toutefois bien, j’y ai mon petit confort, je suis chez moi.Je n’en ai pas encore marre, mais je songe à partir justement pour éviter de commencer à avoir un sentiment négatif. Il se pourrait que je reste plus longtemps ici en Australie ; aussi, je ferai part de l’apparition d’un nouveau cap si toutefois j’ai la sensation que j’en passe un autre 😉
C’est vrai qu’en changeant tous les deux, ça “reboot” le système à chaque fois. Tu as vécu dans quels pays ? Et tu es une “vraie expat” dans le sens, envoyée par une entreprise française à l’étranger et tu bouges tous les deux ans grâce à ça ou bien tu déménages par toi-même tous les deux ans ?
Merci pour cet article et ces réflexions! Je n’ai pas encore passé assez de temps dans un pays autre que la France pour passer un de ces caps, mais je l’espère encore!
un jour peut-être 🙂
Clairement, j’ai vécu le cap des un an comme tout le monde… En septembre, cela fera trois ans d’expatriation pour moi et ça va apporter des changements puisque je déménage à York pour y reprendre mes études. Je suis sûre que ça va me faire l’impression d’un changement de cap… Pour les 7 ans, il me reste encore un peu de chemin. En tout cas, j’ai adoré ton article ! xx
York! Cool! Tu comptes rester longtemps la-bas? Je n’ai jamais visite York mais apparemment c’est sympa. Tu me tiendras au courant quand tu atteindras le cas des 7 ans 😉
Bonjour à tous,
Je me suis beaucoup reconnue dans la phase des 7 ans. Je me suis posée exactement les mêmes questions. Après 7 ans en Roumanie, je suis rentrée en France. Je n’ai pas eu de cap des trois ans car j’avais changé de travail, c’est plutôt les 5 ans qui ont été difficiles. Je m’étais beaucoup renseigné sur le retour au bercail avant de prendre la décision. Très honnêtement, cela dépend des personnes et des situations. Il y a des points négatifs et des points positifs, je ne suis pas sûre encore de ne jamais repartir à l’étranger mais pour le moment, je me donne une chance d’y arriver. Ma première année en Roumanie n’était pas franchement des plus glorieuses non plus. Et pour l’instant, cela ne fait qu’un an que je suis rentrée. Pour ce qui est de ne voir que le bon côté des choses en vacances, c’est exact et les choses perdent de leur charme avec le temps mais d’autres petits plaisirs reviennent. Comme un de mes ami en roumanie le disait “on est là où on a quelque chose à faire” et je pense, en effet, que c’est ce qui compte.
En tout cas, bon courage pour ce cap !
Bonjour,
tu étais où en Roumanie? J’ai passé un an à Cluj quand j’étais étudiante, j’avais beaucoup aimé l’expérience. Ca a dû faire bizarre de rentrer après toutes ces années quand même. Tu as pu te réadapter facilement? D’après ce que tu dis tu as fait ton travail de recherche, un peu comme une nouvelle expatriation au final.
ps: ton ami a raison sur le fait qu’on est là où l’on a quelque chose à faire, bien dit !
Expatrié en Colombie depuis maintenant 6 ans, je comprends très bien ton sentiment d’avoir le “cul” entre deux chaises.
Même si je fais tout mon possible pour être le plus colombien ou le plus caribéen possible, il arrive toujours un moment ou un expatrié reste un expatrié et est un peu en retrait des autres. Pourtant les colombiens sont les gens les plus sympas et les plus accueillants du monde… mais il y a toujours un moment où tu es un peu à côté de la plaque et ne peux pas partager 100% des choses avec eux.
Cela étant dit… je préfère me sentir le “franchute” en Colombie que devoir revenir en région parisienne pour y bosser et y vivre. J’y suis repassé l’espace de 3 semaines en juin… quel calvaire ! Je suis plus un expat dans mon propre pays que dans mon pays d’adoption.
Si je devais quitter la Colombie ce serait certainement pour une autre aventure.
Merci pour ton article, super intéressant.
La bise de Barranquilla.
Merci pour ton commentaire, c’est toujours intéressant d’avoir les réactions des autres expats. J’ai la même impression que toi en rentrant en France par moment et je me dis que revenir ce serait certainement comme une nouvelle expatriation.