Il y a quelques semaines, je suis rentrée en France le temps d’un weekend. Quand on vit à l’étranger, je crois qu’on a besoin de ces jours passés en famille de temps en temps. Cependant, même si c’est un plaisir de voir ses proches, j’ai remarqué que certains ne peuvent pas s’empêcher de mettre sur la table certains sujets qui fâchent. D’ailleurs ces gens-là ils m’agacent car ils me forcent à réfléchir à des sujets que je préfère éviter. Du coup, grâce (ou à cause de?) ces gens-là, je me pose un tas de questions sur ma vie à l’étranger dernièrement et je me rends compte qu’il y a un certains nombre de trucs auxquels je n’avais pas pensé avant de partir.
Voici ces quelques détails qui me travaillent dernièrement!
Détails 1: on rate les nouvelles naissances
Vivre à l’étranger signifie que l’on ne peut pas être présent pour toutes les nouvelles naissances. En France, un certain nombre de mes connaissances en sont à cet âge où on commence à fonder une famille. En n’étant pas sur place, on ne peut pas être présent pour ces moments. Parfois, on les apprend même plusieurs semaines après qu’ils aient eu lieu – au détour d’une photo sur Facebook…
Détails 2: Les enfants/cousins ne te reconnaissent pas
Et puis, même quand on peut être présent, on ne l’est pas régulièrement. On se retrouve donc dans la situation où les enfants nés après notre départ ne nous reconnaissent pas. Bon heureusement, un sachet de bonbons permet en général de briser la glace avec les enfants. Enfin, ça marche plutôt bien avec mes petits cousins.
Détails 3: On est absent pour tous les évènements importants en fait…
Autant pour les mariages on peut s’arranger en avance mais pour certains autres évènements imprévisibles (décès et autres) on ne peut pas. Enfin soyons précis: on peut toujours prendre quelques jours de congés, cependant il n’est pas toujours financièrement possible de rentrer au dernier moment. Vous avez vu le prix des Eurostars ou billets d’avion pour rentrer en France à la dernière minute?
Détails 4: L’administration, on n’existe plus
Crédit photo:http://www.investir-actif.com/
Quand on est résident à l’étranger (et non pas expat rattaché à la France), on devient assez détaché administrativement parlant. La carte vitale? Il y a bien longtemps qu’elle n’est plus active. Le compte bancaire? Vide depuis des années (d’ailleurs mon banquier français s’en est inquiété…ça lui aura pris 4 ans quand même). Le numéro de téléphone portable français? Ligne fermée depuis 2010. S’il faut rentrer un jour, ça va être le bazard, je vous le dis!
Détails 5: L’éloignement géographique
…qui crée des relations en dents de scie. Oui parce que Skype, c’est très utile. Même si on essaie de donner des nouvelles assez régulièrement, on se rend bien compte que la vie continue sans nous. Au passage, nous avions déjà parlé du fait que les expat’ donnent parfois moins de nouvelles.
Détails 6: Etre trop habitué à vivre à l’étranger
On s’habitue très bien à vivre à l’étranger. Oui, vous me direz que tout le monde ne s’habitue pas, mais c’est un autre problème. Mine de rien, on reconstruit toute sa vie ailleurs et on s’y trouve plutôt bien. Au final, nous n’avons pas de raison particulière de rentrer. Dans mon cas, je ne sais pas si je resterais toute ma vie en Angleterre: j’irai peut-être habiter ailleurs un jour…mais pour le moment je ne pense pas à rentrer en France.
Détails 7: On perd un peu niveau français
Source photo: http://www.keepcalm-o-matic.co.uk/p/i-speak-franglish-and-i-can-not-keep-calm/
Il faut l’avouer, parfois le français d’un expat’ “sonne bizarre“. Et parfois entre expats on fait de beaux mélanges de français et d’anglais. Mais on s’en fiche puisqu’on se comprend. Donc, oui le français en prend un coup mais on ne l’oublie pas: il s’internationalise (welcome franglish!)
Détails 8: Peur de ne pas se réadapter
Et là je vais parler pour l’Angleterre: ici, on est habitué à être entourés de gens de bonne humeur (oui, même à Londres), qui te servent du “hey, how are you” même quand ils te connaissent à peine, on te laisse tranquille: pas de réflexions blessantes, pas de classification des gens basées sur des préjugés. Bref, on te lâche la grape et ça fait du bien. En France, c’est un peu moins relax. Si, Si, il faut bien l’admettre.
Détails 9: Et la retraite?
https://www.gosimpletax.com/blog/pension-tax-relief
Ca, c’est quelque chose que la famille nous ressort bien souvent. “Tu penses à ta retraite“, “tu cotises à la Caisse des Français à l’étranger“…Je peux comprendre que ça les travaille un peu – je ne prétends pas que ça ne me travaille pas du tout. Mais en même temps, l’Angleterre n’est pas non plus un pays sans système social du tout (et puis ils ont réformé leurs retraites il y a peu). Pour le point 9, on verra…
Détails 10: Et les enfants/petits enfants/neveux
L’autre grande question posée à celui qui pense vivre à l’étranger: “alors, les enfants c’est pour quand?” (avec le sourire bienveillant qui va avec). Ca en deviendrait presque tabou. A Londres j’admire les gens qui ont des enfants, je me demande toujours comment ils font – bon après la plupart des gens que je connais qui ont des enfants bossent de la maison, ce qui doit aider pas mal. 🙂
Bref, la vie d’expat ça me travaille dernièrement! Et vous les autres expats, est-ce que vos proches restés en France vous font réfléchir sur “votre condition d’expatrié“? Et pour ceux d’entre vous qui vivent en France et qui ont des proches à l’étranger, vous vivez ça comment?
Last Updated on June 5, 2016 by Lucie
Ahhh la retraite, les enfants etc… Eternels sujets! Moi je pars quand même du principe que tout un pays qu’est l’Angleterre arrive très bien à s’en sortir sans nos systèmes sociaux alors pourquoi pas nous? Il y a les fonds de pension, et puis pas si sûr que la retraire française soit si intéressante que ça d’ici qu’on soit en âge!
En ce qui concerne le portable, perso j’ai pris un forfait free à 2€ par mois! Super pratique et à ce prix là ce n’est pas très grave si certains mois sont payés pour rien 🙂
A l’époque où je suis partie de la France les forfaits à 2 euros n’existaient pas encore 🙂 mais sinon j’aurais peut-être pris ça effectivement. J’avais aussi pensé à garder une mobicarte mais quand je vois le bazard que c’est pour en activer une j’ai laissé tomber. Heureusement, il y a tout un tas de moyens de rester en contact 🙂
Pareil que toi pour la retraite. Surtout qu’ils ont changé le système récemment ici, apparemment quand on est salarié on a une sorte de plan de retraite mis en place par la boîte où on bosse. Après pour pouvoir mettre de côté pour la retraite,il faut déjà être en mesure d’économiser et à Londres c’est une autre paire de manches. 🙂
Très sympa à lire ce petit article 🙂 je n’ai vécu à l’étranger que 6 mois donc je n’ai connu toutes ces anecdotes mais je me retrouve bien dans le franglais en rentrant :p
C’est vrai que 6 mois c’est un peu court, on ne se pose pas encore ces questions. Tu étais expat dans quel coin? Il n’empêche que le franglais est vraiment pratique 🙂
Pour moi, il y a truc qui m’arrive toujours quand je rentre d’une longue période à l’étranger : j’oublies les prénoms de certains de mes amis (pas les meilleurs, les amis d’enfance…). C’est super chiant ! Je me retrouves dans des soirées où tout le monde m’appelle Kalagan ou Chris, et moi, je galère à me rappeler de certains. J’en suis arrivé à me préparer avant d’aller en soirée pour me rappeler des prénoms avec quelques bons amis 🙂
Tu as des post-it avec les noms de gens et une petite bio? 🙂 Ca ne m’est pas encore arrivé ça, même après toutes ces années à l’étranger. Enfin, on est pas à l’abris!
Moi je crois que c’est vraiment le franglish le pire ! J’en arrive au point où j’ai plus souvent travailler en anglais qu’en francais. Et s’il y a bien un truc qui m’échappe c’est le “business etiquette à la française” ! En travaillant dans le web et dans des start-ups, c’est plutôt relax. Mais pour écrire à l’administration, c’est tout de suite les grandes phrases “je vous prie …” !
Ya du bon et du moins bon dans toutes les situations !
Pareil que toi, le franglish c’est super utile mais ca ne marche qu’a l’etranger. Et je bosse aussi sur le secteur internet/digital et la, c’est carrement relax et sans systeme de hierarchie comme on peut voir en France. C’est pas l’anarchie non plus mais on s’habitue tres bien a ce systeme super detendu. J’aurais du mal a faire autrement maintenant.
Aïe, ton billet résume mes constantes pensées sur ma vie berlinoise! Je pense qu’on est d’accord sur le Franglish. Quand je dois accueillir un nouveau collègue francophone et le former à ces premières semaines, c’est le carnaval! (La phrase que je sors tout le temps sans faire exprès: “est-ce que ça fait sens?” ou sinon dire “Ciao” aux commerçants français pour prendre congé comme en Allemagne)
J’avoue que ça me fait quelque chose de voir mes anciennes camarades faire leurs petites vies et donner naissance à des enfants.. Dans mon cas, baaah… j’ai loupé la naissance de ma petite sœur en 2012 et elle a vraiment du mal à me reconnaître (d’ailleurs cet été, je vais probablement louper la naissance de mon petit frère 😉 ) – mon père n’a pas l’air pressé de devenir grand-père apparemment ou de mon mariage 😀 Mais tout ça me travaille quand même!
Héhé! Pareil ici, je bosse en binome avec un autre français expat depuis encore plus longtemps que moi, parfois je relis nos conversations et je le dis que c’est un sacré bordel 🙂
Je te rejoins sur les anciennes camarades: je vois aussi les mises jour & photos Facebook. Ca fait parfois tout drôle. Par contre pour ta soeur et ton futur petit frère c’est chaud!! Tu ne pourras pas rentrer du tout?
Mes parents ne sont pas pressés non plus de devenir grands-parents, le pire ce sont mes cousines qui ont à peine quelques années de plus: elles n’arrêtent pas de remettre ce sujet sur la table car elles sont jeunes mamans 🙂 Je crois que c’est normal que tout ça nous travaille un peu en même temps…
C’est vrai qu’on rate pas mal de choses en étant expat… Mais dans un sens, je ne me vois pas revenir en France pour l’instant. Je pense qu’il y a autant d’avantages que d’inconvénients à l’expatriation, mais les points que tu as cités pèsent surtout au début je pense… Comme tu l’a dit, on s’habitue à tout 🙂
On en rate mais en meme temps on fait aussi beaucoup d’experiences nouvelles aussi donc ca s’equilibre 🙂